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Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse sur la COVID-19 – 16 novembre 2020


Tedros Adhanom Ghebreyesus
Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé

Bonjour, bon après-midi ou bonsoir, 

Ce n’est pas le moment de se reposer sur ses lauriers. 

Même si nous continuons à recevoir des nouvelles encourageantes sur les vaccins contre la COVID-19 et restons prudemment optimistes quant à la possibilité que de nouveaux outils commencent à arriver dans les prochains mois, 

Nous restons en ce moment extrêmement préoccupés par la recrudescence des cas que nous observons dans certains pays. 

En particulier en Europe et dans les Amériques, les agents et les systèmes de santé sont au bord de la rupture. 

L’OMS a publié des orientations et des outils visant à accroître les capacités des personnels médicaux et de santé publique, ainsi que les fournitures et les équipements nécessaires à la prise en charge des patients atteints de COVID-19. 

À l’heure actuelle, l’OMS a mis à disposition 150 équipes médicales d’urgence qui aident les pays à planifier et à mettre en œuvre leurs interventions d’urgence. 

L’OMS et ses partenaires collaborent avec les gouvernements et les autorités de santé afin que :

  • les agents de santé malades bénéficient d’une couverture, 
  • qu’il y ait suffisamment de lits pour les patients atteints de COVID-19 et que les services de santé essentiels soient assurés en toute sécurité, 
  • qu’il y ait suffisamment de masques, de gants et d’autres équipements de protection, 
  • que les gouvernements aient accès à des tests, des traitements et des fournitures en quantité suffisante pour faire face à la demande actuelle, 
  • et que les systèmes de santé soient prêts lorsque des vaccins sûrs et efficaces seront déployés. 

Les agents de santé en première ligne sont sollicités depuis des mois. Ils sont épuisés. 

Nous devons faire le maximum pour les protéger, surtout en cette période où le virus progresse rapidement et où les patients affluent dans les hôpitaux. 

Alors que certains gouvernements imposent un ensemble de restrictions à la collectivité, nous avons une fois encore peu de temps pour renforcer les systèmes essentiels. 

Nous constatons que les pays qui ont investi dans la recherche, la prise en charge et l’isolement des cas ; les enquêtes sur les foyers épidémiques ; un dépistage approprié donnant des résultats rapides ; ainsi que la recherche et la mise en quarantaine des contacts, subissent beaucoup moins de perturbations. 

Les enquêtes sur les foyers épidémiques et la recherche des contacts contribuent grandement à la réussite de la riposte de santé publique.

Ces interventions permettent d’éviter que des cas individuels ne se transforment en foyers épidémiques, et que ceux-ci ne débouchent sur une transmission communautaire.

Lors des récentes flambées de maladie à virus Ebola, la République démocratique du Congo et l’OMS ont investi dans le personnel et formé un nombre important d’agents chargés de rechercher les contacts, qui travaillent en étroite collaboration avec les dirigeants et les communautés locales. 

Et en deux jours à peine, en partie grâce à la recherche active de cas et de contacts, ils pourront – je l’espère – mettre un terme à cette récente flambée épidémique. 

Alors que les pays prennent des mesures draconiennes pour freiner la propagation rapide de la COVID-19, le moment est venu d’investir dans les systèmes qui permettront d’éviter de nouvelles vagues d’infections. 

Il faut investir dans un personnel de santé publique bien formé et protégé afin que les agents chargés de la recherche des contacts soient suffisamment nombreux et veiller à ce que les malades puissent s’isoler et que leurs contacts soient identifiés, notifiés et gérés correctement.

Et lorsque les cas commencent à décroître, il faut continuer à investir de manière à être bien préparé. 

Il s’agit d’un virus dangereux, qui peut attaquer n’importe quel système de l’organisme. 

Les pays qui laissent le virus circuler sans contrôle jouent avec le feu. 

Premièrement, il y aura d’autres morts et souffrances inutiles. 

Deuxièmement, comme nous l’avons indiqué lors d’une conférence de presse il y a deux semaines, nombreux sont ceux qui ont des séquelles à long terme. 

Troisièmement, les agents de santé, en particulier, subissent de fortes pressions sur le plan de la santé mentale et, dans trop de pays, les cas pèsent lourdement sur les systèmes de santé. 

Comme vous le savez, les agents de santé ont choisi cette voie pour sauver des vies. 

Nous devons éviter de les mettre dans une situation où ils doivent opérer des choix inhumains entre ceux qui seront soignés et ceux qui ne le seront pas. 

Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir les agents de santé, maintenir les établissements scolaires ouverts, protéger les personnes vulnérables et sauvegarder l’économie. 

Cela va de la mobilisation d’étudiants, de volontaires et même de forces de l’ordre pour soutenir la riposte sanitaire en temps de crise, à la mise en place de mesures strictes permettant de soulager les pressions qui s’exercent sur le système de santé. 

Il n’y a aucune excuse à l’inaction. Mon message est très clair : agir vite, agir maintenant, agir avec détermination. 

La passivité face au virus, qui consiste à ne pas utiliser toute la gamme des outils disponibles, entraîne la mort, la souffrance et porte atteinte aux moyens de subsistance et aux économies. 

Il ne s’agit pas de choisir entre la vie et les moyens de subsistance. Le moyen le plus rapide d’ouvrir nos économies est de vaincre le virus. 

=== 

La semaine dernière, des dirigeants se sont réunis à l’occasion de l’Assemblée mondiale de la Santé et du Forum de Paris sur la paix. 

L’Accélérateur ACT et la garantie d’un accès équitable aux nouveaux tests rapides, aux traitements et aux vaccins contre la COVID-19 figuraient au premier rang des priorités. 

La Commission européenne, la France, l’Espagne, la République de Corée et la Fondation Bill et Melinda Gates se sont engagées à verser 360 millions de dollars des États-Unis à COVAX, le volet vaccins de l’Accélérateur ACT. 

Les nouvelles contributions portent le total des engagements à 5,1 milliards de dollars. 

C’est une somme très importante, mais si l’on veut que les outils soient rapidement déployés dans le monde entier afin de sauver des vies, de stabiliser les systèmes de santé et de favoriser une reprise véritablement mondiale, il faut encore 4,2 milliards de dollars dans les plus brefs délais, et 23,9 milliards de dollars supplémentaires en 2021.               

Face aux sommes considérables que les pays dépensent pour soutenir leurs économies, le COVAX représente la meilleure option possible, car il permettra une reprise plus rapide pour tous et la fin des mesures de relance. 

Les dirigeants du G20 se réuniront ce week-end. 

C’est l’occasion pour eux de s’engager financièrement et politiquement en faveur de l’Accélérateur ACT et du COVAX afin qu’ensemble nous puissions mettre rapidement un terme à cette pandémie.
C’est aussi une occasion pour nous d’œuvrer pour le monde que nous voulons. 

On ne peut pas faire comme si de rien n’était. 

Le moment est venu de changer fondamentalement de perspective et de considérer la santé comme un investissement et non un coût, et comme le fondement d’économies productives, résilientes et stables. La santé est essentielle. 

C’est pourquoi j’ai lancé la semaine dernière le nouveau Conseil sur l’économie de la santé pour tous, qui sera présidé par Mariana Mazzucato, une éminente économiste. Son objectif est de placer la couverture médicale universelle au centre de notre réflexion sur la création de valeur et la croissance économique. 

De même que la crise climatique, les inégalités et les conflits, la santé ne saurait être traitée isolément. 

Nous devons trouver un nouveau moyen de progresser collectivement si nous voulons tenir les promesses du passé et relever ensemble ces défis intimement liés. 

Je vous remercie.

16 novembre 2020

Source : oms.int.fr

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